Par Julien Jacquemin Saint-Dié-Infos 28 avril 2018
Jacques Cuny revient aux sources pour son dernier film "Aux sources de mes Hautes-Vosges"
Jacques Cuny est une figure emblématique de la vallée de la Haute Meurthe. Depuis plus de 20 ans, il sillonne, arpente et immortalise les Vosges, ses Vosges, pour saisir au moyen de sa caméra des instants de nature aussi éphémères qu’uniques… mais aussi des tranches de vie des derniers irréductibles de la vallée. Des irréductibles fermiers qui vivent encore comme autrefois, au rythme des saisons.
De ces innombrables images et sons qu’il a capturé ces dernières décennies, Jacques Cuny en a fait des films. Plus d’une dizaine à ce jour. En parallèle et dans un tout autre registre, le Léonardien a également réalisé des films donnant la parole aux déportés et victimes de la barbarie nazie. Fruit d’une passion restée intacte au fil des années, fruit d’incalculables heures sur le terrain et d’incalculables heures de montage, l’oeuvre de Jacques Cuny est un vibrant hommage à la faune, la flore et les habitants des Hautes-Vosges. Dans ses films, rien n’est laissé au hasard mais rien n’est dicté. Ici, pas de scénario prédéfini, pas d’effets spéciaux et encore moins de voix off. Car Jacques Cuny laisse ses sujets s’exprimer, qu’ils soient un fermier de La Bresse, un cerf majestueux, un arbre ou un cours d’eau. Simplicité, minutie et surtout authenticité sont les maîtres-mots de cet autodidacte convaincu, ancien professeur de mécanique aujourd’hui à la retraite.
Trois maîtres-mots qui caractérisent de bout en bout « Aux sources de mes Hautes-Vosges », le dernier film en date de Jacques Cuny… et l’ultime selon ses dires. Car ce 16ème long métrage pourrait bien être le point final d’une longue série commencée il y a bientôt un quart de siècle, en 1994. Pour ce nouveau film, qui a été présenté en avant-première au cinéma de Corcieux le 8 avril dernier, le vidéaste y a mis tout son coeur et son âme. Autant, voire encore davantage que ses précédentes réalisations. Pas moins de sept années ont ainsi été nécessaires pour qu’aboutisse cet ambitieux projet, qui découle de 50 heures de tournage pour 7000 plans dans le banc de montage. De ces 7000 plans, 927 ont été retenus pour ce véritable retour aux sources d’un peu plus d’une heure. 75 minutes durant lesquelles défilent, devant les yeux des spectateurs, des scènes dont seul Jacques Cuny a le secret. Des scènes résolument « photographiques » dans leur composition, très travaillées et portées par des images magnifiques, qui s’entremêlent sur fonds de musique classique.
Un mince filet d’eau ruisselant dans des pierres, des arbres bousculés par le vent, la Petite Meurthe évoluant au fil des saisons, des hérons nourrissant leurs petits au sommet d’un grand sapin, un martin-pêcheur dérangé dans sa pêche par une rare cigogne noire, des vaches gambadant de joie au sortir de l’hiver… sans oublier le quotidien rustique et fermier de Gisèle, Pierre, Gilbert, Claude et Eric, Christian et Marianne. Des personnages sincères et attachants, derniers représentants des Hautes-Vosges d’antan… celles des « Grandes Gueules » avec Bourvil et Ventura. « A travers ce film, je présente « mes » Hautes-Vosges, car chacun d’entre nous en a une vision différente » précise Jacques Cuny, qui présentera officiellement « Aux sources de mes Hautes-Vosges » le jeudi 17 mai prochain à la MCL de Gérardmer, avec une double projection à 15h puis à 20h30. Un film beau, simple et émouvant… et un bel hommage, une fois encore, à notre massif vosgien. Renseignements complémentaires sur le nouveau site Internet de Jacques Cuny.
Des larmes ont coulé dans la salle
Le film "Paroles de résistants, rescapés des Camps de la mort a été présenté aux Senonais.
Deux anciens déportés assistaient à la projection. A l'image du maire, l'assistance est sortie ébranlée.
La salle des fêtes de Senones était pleine vendredi soir. Une centaine de personnes est venue assister à la projection du 14ème film de Jacques Cuny, "Paroles de résistants, rescapés des camps de la mort". "Mieux vaut parler avant, a dit le réalisateur, vous verrez, après ce sera plus difficile." Il ne s'est pas trompé. Au fur et à mesure que les images défilaient sur le grand écran, les cœurs se sont serrés.
Alban Philippe, adjoint à la culture, a rappelé la dernière projection de la "Vallée des Larmes". Jacques Cuny a expliqué sa démarche, sa volonté de transmettre des messages aux générations futures : "Chaque fois que je passe devant le monument des Déportés de Senones, je suis étonné par la liste des noms des disparus, sur 949 déportés, 648 ne sont pas rentrés. pour certains, les familles n'ont jamais su où étaient les corps."
Parmi les neuf déportés rencontrés qui témoignent dans le film, deux se trouvaient dans la salle : Robert Egly de La Petite-Raon et Henri Poirson de Moussey. Ce dernier a rappelé que le 24 novembre 1944, 1014 déportés, en majorité des Vosgiens, étaient déplacés à Auschwitz. Chaque année, le calendrier égrène ses douloureux souvenirs.
Avec une extrême précision, le film retrace la chronologie de la Déportation : l'arrivée dans les camps, les tatouages, les blocs, le manque de nourriture, le froid, les punitions, les pendaisons publiques, les médecins de l'impossible, la solidarité, la libération, les séquelles… Les neuf rescapés racontent ce qu'ils ont subi avec une étonnante précision. Les témoignages se recoupent, les mêmes mots qui font mal : les coups de matraque dans le dos qu'il fallait compter à haute voix, les pendaisons en public, le travail jusqu'à la mort pour les Nacht und Nebel, les morts de froid, les cadavres ambulants, les fours crématoires, des trains devenus cimetières, la soirée de Noêl 44…
Le film montre les qualités techniques du réalisateur, son extrême sensibilité et sa volonté de faire passer le message : des paroles choisies de Robert Desnos et de Louis Aragon, des photos d'hommes décharnés et des dessins bien sentis, des silences qui en disent long… L'émotion était palpable, des larmes coulaient ici et là dans la salle.
La gorge serrée et la voix hésitante, le maire Jean-Luc Bévérina a remercié le réalisateur, les déportés Robert Egly et Henri Poirson pour leurs témoignages et leur présence en se demandant : Comment peut-on en arriver à un tel niveau de cruauté ? "
Le Mini portrait de la semaine
Nos Vosges ont connu bien des passeurs de frontière. Jacques Cuny, lui, est un passeur de mémoire. En 16 ans, au fil de 220 témoignages et 24 films (édités en 13 DVD), ce passionné de l’image a su capter, et nous faire partager, l’âme des Hautes-Vosges. La nature, les animaux, les vieux métiers, le dur labeur de la ferme, et le quotidien simple des «gens d’ici». La vérité d’une terre au climat rude et les racines de ses habitants. Autant de thématiques enrichies par un travail historique, débuté en 2003 avec «Plainfaing… de mémoire», complété avec «Du temps de la guerre» (2004) et son dernier opus, «De la Piquante Pierre à la Vallée des Larmes» (2009). 72 témoins y racontent «leur» guerre, les derniers mois de la 2e Guerre mondiale mais aussi son contexte : l’arrivée des troupes allemandes, la vie quotidienne... et ce du nord au sud des Hautes-Vosges. Une période douloureuse dont certains aspects sont méconnus : qui se souvient que la libération du Valtin intervint seulement le 4 février 1945 ? Frédéric HOEN 16 octobre 2009
Jacques Cuny, passeur de mémoire
Le réalisateur de Saint-Léonard, Jacques Cuny, achève un nouveau documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, "De la Piquante Pierre à la vallée des Larmes". Tout simplement bouleversant.
Première scène : les noms de déportés des Hautes-Vosges pendant la Seconde Guerre mondiale défilent à l'écran. La lenteur des plans s'oppose à la violence de la barbarie. Ainsi va le rythme du dernier film de Jacques Cuny, de Saint-Léonard. Tel un cueilleur de mémoires, le réalisateur a posé discrètement sa caméra chez les témoins de la guerre (son deuxième film sur le sujet) dans la vallée des Larmes ainsi que sur les lieux du maquis de la Piquante Pierre. Deux vallées et deux histoires différentes que Jacques Cuny a souhaité réunir dans son dernier film, "De la Piquante Pierre à la vallée des Larmes", qui vient de de compléter sa série de 12 DVD, "L'âme des Hautes-Vosges".
"Je voulais que chaque vallée prenne connaissance de l'histoire de l'autre" , explique le réalisateur qui s'est engagé dans une course contre le temps. "Ce sont les derniers témoins vivants. Et ils sont irremplaçables".
En 1 h 47 (son film le plus long), il tente de capturer des tranches de vie en s'efforçant de savoir "ce qu'ils avaient ressenti et comment ils avaient vécu l'événement". Qu'il s'agisse de la reddition, de la déportation, de la vie sous l'Occupation ou encore de la Résistance, les témoins partagent - sans détour - leurs souvenirs. "S'engager contre l'Allemand, c'était engager sa vie", explique Savinien Blaise, Résistant de la Force Française Intérieure (FFI). "Je n'avais pas peur de mourir", se souvient Yvan Homel, Résistant transféré à la prison de la Vierge, à Epinal. Un passeur dira aussi qu'il avait eu le sentiment de "faire son devoir". Des phrases bouleversantes qui, grâce à ce film, parviennent jusqu'à nous. Un documentaire qui parle vrai. Et qui n'a d'autres ambitions que de mettre en lumière la "vérité", qui peut se montrer parfois surprenante. Comme ce témoignage de Gisèle Ziss qui n'exprime aucune haine à l'égard des Allemands alors que son frère, Jean Claude, a été assassiné à l'âge de 17 ans. "On ne peut pas en vouloir aux Allemands car c'était certainement un acte commandé", dira-t-elle.
Réhabilitation
Au-delà de la recherche de la vérité, Jacques Cuny a voulu aller plus loin en réhabilitant certaines histoires, notamment celle d'Arthur Claude. "A l'âge de 17 ans, son fils a été tué. Et certains ont pensé que c'était en partie de sa faute", explique le réalisateur qui, grâce à la découverte de documents, a pu prouver le contraire. Jacques Cuny revient aussi sur l'expérience bouleversante d'Arthur Claude, passeur pendant la guerre, qui est resté caché pendant des semaines sous le plancher des vaches alors que les Allemands étaient juste au-dessus. Profondément humain, le film, qui sortira en septembre, repose sur une seule question : "Peut-on parler du souvenir sans prolonger le ressentiment ?" , s'interroge Jacques Cuny qui n'a pas pu s'empêcher d'achever son documentaire sur une note positive.
Deux années d'intenses recherches ont été nécessaires pour parvenir à un tel recueil de souvenirs.
Un travail de fourmi
C'est en 2007 que Jacques Cuny s'est lancé dans cette entreprise fastidieuse mais passionnante. Forcément, on n'en ressort pas indemne. " Cela m'arrive encore de faire des cauchemars" , avoue le réalisateur toujours aussi ému en écoutant certains témoignages. Exigeant dans le travail, Jacques Cuny, qui se dit autodidacte, s'est beaucoup attaché à l'exactitude des faits. Le moindre détail historique, la moindre date qui ne correspondait pas aux témoignages a été vérifiée puis corrigée. Pas question de faire de l'à-peu-près.
Pour parvenir à ce résultat, il s'est appuyé également sur plus de 1200 photos sorties des tiroirs et sur les archives communales de Moussey et de Basse sur le Rupt. Il a même tenu à filmer les témoins sur les lieux. "Pour avoir le paysage comme il était à l'époque" , explique le réalisateur qui n'a pas hésité à faire le voyage jusqu'à Castres pour rencontrer le fils de Jules Py, ancien maire de Moussey qui a été déporté. Son exigence l'a même poussé à présenter d'abord son film aux 72 témoins vosgiens, à Rochesson le 5 juillet dernier, avant de le finaliser. L'occasion pour lui de peaufiner les derniers détails et de rectifier les coquilles qui auraient pu se glisser. Mais aussi de se faire rencontrer des personnes qui ne s'étaient pas vues depuis 65 ans ! Marie BLUTTE - Vosges Matin 6 juillet 2009
Les Hautes-Vosges dans l'âme d'un film
Le vidéaste vosgien Jacques Cuny profite de sa retraite d'enseignant pour se consacrer presque entièrement à sa passion pour la vie dans les Hautes-Vosges.
"Cette émotion que j'ai en filmant "mes" paysans, j'espère la transmettre à travers mes films." Pari réussi encore une fois pour Jacques Cuny qui, avec son 12e DVD "Les Yeux dans les hauts", livre un vibrant hommage aux Vosgiens de la montagne et un authentique document à transmettre aux générations futures. Le vidéaste de Saint-Léonard a toujours su prendre le temps - beaucoup de temps - pour que sa caméra, avec patience et respect, pénètre l'âme des Hautes-Vosges, comprenne les mots qui se cachent parfois derrière le silence des montagnards. Son dernier opus rassemble ainsi sept années d'images, glanées de Cornimont à Clefcy, en passant par Le Phény. Le DVD de Jacques Cuny s'écoule, paisible et limpide comme un ruisseau : ici des conserves de haricots beurre s'entassant dans la cave, là des piquets replacés sur le côteau avant la transhumance des troupeaux, sans oublier le vieux groupe électrogène de la ferme, qui tourne "quand on en a besoin". En bon contemplatif, Jacques Cuny offre également de belles images des chamois, du faucon pèlerin et autres chauves-souris. Emmanuelle BILLIARD 16 septembre 2007
LES YEUX DANS LES HAUTS
«Je souhaite parler de gens qui ne paraissent peut-être pas importants, mais qui pour moi, ont de l’importance», confie Jacques Cuny, qui suggère une nouvelle fois de lever les yeux vers les Hauts. Avec la passion qui l’anime, le vidéaste des Hautes-Vosges livre ici le fruit d’une collecte de sept ans d’images pour découvrir avec l’œil qui est le sien le monde des Hautes-Vosges, cette connivence indissociable entre l’homme et la nature.
Des coteaux pentus de Cornimont au hameau du Phény à Gérardmer, de la vallée de la Petite-Meurthe à sa voisine de la Meurthe à Anould, les anciens racontent la vie, l’existence simple qui sort du temps, le passé rugueux qui manque déjà, celui de l’école d’autrefois, des premières sorties ou des fructueuses cueillettes de brimbelles.
Ce n’est jamais du folklore, c’est l’authenticité sans verni que dévoile le cueilleur de mémoire Jacques Cuny au travers d’un documentaire passionnant, alternant des scènes insolites du monde animalier, des images poétiques des sommets vosgiens dans un film où perle la nostalgie. Charmé par le rythme des images, par la musique des mots et par ces refrains qui enchantent, le spectateur savoure ces rencontres avec Marthe, Paul, Fernande, Raymond l’ancien facteur, Gérard mais aussi Raymond qui raconte avec émotion sa vie dans l’obscurité. C’est tout le talent du vidéaste vosgien de mettre en lumière ces formidables gens de l’ombre. Qui n’ont d’yeux que pour les Hauts.
Philippe CUNY
L’Est Républicain, 23 mai 2007.
LES HAUTS ONT LA PAROLE
Les "Yeux dans les Hauts" scrutent l' âme des Vosges. Avec ce douzième DVD, Jacques Cuny livre un nouveau film beau et sobre, émouvant hommage à "ses paysans", discrets mais besogneux habitants de la montagne. Gérard et Raymond Chipot bêchent le sol sur les Hauts du Phény. Côte à côte, leurs gestes sont sûrs et mesurés, lourds. Ils sont impassibles à l'affolement des poules qui becquettent des vers entre leurs sabots. Ainsi va le rythme des "Yeux dans les Hauts", le dernier DVD que Jacques Cuny vient d'éditer. Le vidéaste de Saint-Léonard a monté son film sur la montagne vosgienne à partir d'un recueil de sept années d'enregistrements, de Cornimont aux pentes de Clefcy.
C'est ma manière de travailler, explique-t-il, je vais souvent dans la nature et chez mes paysans pour récolter ces images. Quelquefois il faut plusieurs années avant d'avoir engrangé suffisamment de matière sur un seul thème."
Les quatre saisons s'écoulent. Au fil des saules, plongés l'hiver entier dans la rivière, des grenouilles ramassées à la main dans le ruisseau. Au rythme de la turbine de la ferme, "qui tourne quand on en a besoin"en pétaradant depuis 1926.
Se faire oublier
La caméra ne réveille pas les chauves-souris, endormies dans une grotte. Elle n'effraie pas non plus le faucon pèlerin. Elle transmet des instants sublimes. "Je suis allé vers Michel et Vincent Munier, spécialistes de la photographie animalière, pour savoir surtout ce qu'il ne fallait pas faire, pour ne pas faire n'importe quoi", précise Jacques Cuny. Pour apprendre à se faire oublier dans "ces endroits qu'il faut garder secret."
Devant le fourneau qui chauffe et derrière les petits coeurs creusés dans la porte d'une grange, à force de patience, les paroles, à leur tour affleurent. La pudeur des mots de Raymond Chipot montre l'importance de tout ce qu'il a perdu, avec la vue. Il continue d'effectuer les travaux qu'il peut, guidé par le fil tendu entre le corps de ferme et la remise.
"On n'est pas morts d'avoir travaillé", affirment Fernande Claudel et son frère Paul. "On allait aux fêtes à pied", renchérit Marthe Grivel. Elle, n'a jamais été plus loin que Nancy. "On est toujours restés dans not' trou !" lance Fernande Claudel.
Un trou ? Ces trous-là ressemblent plutôt à des coins de ciel. A une époque où le monde galope parfois un peu tout fou, se poser devant "Les Yeux dans les Hauts", fixer les Hauts droit dans les yeux, aide à garder les pieds sur terre. "Les émotions que j'ai en tournant, j'espère les restituer dans mes films", s'anime Jacques Cuny. C'est instinctivement qu'il se saisit de la caméra, "quand les poils se dressent sur mes bras"...
Voilà pourquoi on en conserve toujours un petit morceau, au chaud au fond de soi.
Emmanuelle BILLIARD - La Liberté de L'Est, 22 mai 2007
Avec son lot de barbarie et d'atrocités, la vallée de la Haute-Meurthe n'a pas été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. Le film de Jacques Cuny, projeté hier à l'espace Sadoul, livre les témoignages de ceux qui ont connu cette période dans leur chair."Nous allons commémorer dans quelques jours le 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration ; puis ce sera le 8 mai qui marquait la capitulation sans conditions de l'Allemagne ; le retour des prisonniers de guerre et de tous ceux qui à titre divers ont été emmenés en Allemagne", précise René Thalmann, président de la FNDIRP. "Cette période est tout à fait indiquée pour la présentation du film-documentaire réalisé par Jacques Cuny qui évoque une partie du temps de la guerre dans la vallée de la Haute-Meurthe.
La Liberté de l'Est 20 avril 2005
Toute la valeur de ce film se répercute dans les témoignages recueillis auprès des acteurs tout à fait occasionnels qui retracent de manière naturelle ce qu'ils ont vécu au cours de cette malheureuse période"."Du temps de la guerre" est le 11ème film réalisé par Jacques Cuny. Quatorze mois on été nécessaires à sa création. Quarante cinq personnes ont fait partager leurs témoignages et leurs émotions de ce qu'ils ont vécu dans leur chair entre 1940 et 1945. Le film d'une durée de 72 minutes balaie toute la période de la guerre depuis la défaite jusqu'au retour des personnes emmenées en Allemagne comme déportés ou au titre du STO. Tous les aspects de la vie sont abordés : la question du ravitaillement, le rôle des passeurs, la souffrance de la défaite, le sort des prisonniers de guerre, l'engagement des résistants, les mesures de représailles de l'occupant, les camps de concentration, l'incendie des villes de Corcieux, Saint-Léonard, Anould, Saint-Dié... Loin des grands discours, des noms et des figures de la Résistance reprennent vie comme Jean et Germaine Sonrel à Fraize, Louis François et Jean-François Pelet... Les témoignages des entretiens sonnent juste. L'évocation de leur martyre fait froid dans le dos. La sobriété des commentaires laisse la parole aux habitants."Ce document est une source d'information pour les jeunes qui pourront se rendre compte comment les gens ont traversé cette période difficile". Outre René Thalmann, interrogé dans le film suite à son arrestation en mars 1944 et son arrivée au Struthof,Joseph Guidat, Henri Simon, Noëlle Jacquot... se sont retrouvés à l'espace Georges Sadoul.
Bruno MORVAN
18 avril 2005
Des centaines de documents
Il est ensuite passé à la caméra avec pour moteur une même affection pour "les gens simples". "Je réalisais une chronique sur la vallée de la Haute-Meurthe et les gens m'ont parlé de la guerre. J'ai eu un déclic pour réaliser ce film".
Un énorme travail de recherche démarre alors. Des centaines de documents et de notes sont compulsées quand, dans le même temps, des acteurs et témoins de la guerre, de l'Occupation et de la Déportation sont contactés pour un entretien ou un conseil.
"Initialement, le sujet portait sur la guerre, de Saint-Léonard au Valtin, puis j'ai débordé sur l'Alsace, et sur Saint-Dié".
Le film est bâti sur un enchaînement de témoignages, 45 en tout, entrecoupés de documents.
Le résultat est captivant. Pour livrer au spectateur un rendu le plus sincère possible, Jacques Cuny a souvent filmé les entretiens en lieu et place des évènements. Il fut même scrupuleux au point de "faire coïncider la saison" entre la période historique et celle des enregistrements.
Passages importants sur la Résistance.
"J'en ai la chair de poule" confie Jacques Cuny en relisant des témoignages écrits. Celui notamment d'un homme de 20 ans emprisonné à la prison de la Vierge à Epinal. La dernière lettre du jeune résistant lui a été prétée par sa famille. Elle date du 27 avril 1944, quelques heures avant sa mort : "Chère maman, cher grand'père et chère soeur, je vais mourir ce matin pour une cause noble, moi, je ne le regrette pas, le moral est quand même bon (...) Excuse mon écriture et mes phrases hachées mais l'émotion m'étreint la gorge..."
La Résistance et la Déportation constituent un passage important des 72 minutes du film. On y voit et on y entend de nombreux acteurs de l'époque dont René Thalmann qui est retourné, avec Jacques Cuny au Camp du Struthof. "Là", se souvient l'ancien résistant et déporté en indiquant une cheminée, on nous disait : "Vous êtes entrés par la porte, vous sortirez par la cheminée. Voyez, elle fume !"
Le sort des "Malgré Nous", ces 30 000 incorporés de force dans l'armée allemande, habitants des régions frontalières est également évoqué au travers de deux témoignages.
Beaucoup d'autres faits historiques (la bataille aérienne au-dessus de la vallée de la Meurthe le 27 mai 1944, l'attaque du commissariat de Saint-Dié) sont imprimés sur la pellicule. Des épisodes glorieux ou dramatiques que Jacques Cuny lègue à la postérité.
Un film recommandé pour aguerrir la mémoire. Vianney HUGUENOT
Almanach 1999
Supplément de l’Est Républicain
LES QUATRE SAISONS
par Philippe Cuny, journaliste.
à découvrir --> le film en DVD "La Saison des verts tendres"
LA SAISON DES VERTS TENDRES
Engourdie par de longs mois d’hiver, la nature retrouve peu à peu de son ardeur juvénile, dès l’arrivée des beaux jours. Là-haut, sur les crêtes vosgiennes, les bourgeons recroquevillés gardent le berceau un peu plus longtemps que les autres, comme pour mieux apprécier le miracle des saisons et contempler de loin les vallées arrosées de superbes couleurs pastel entre vert tendre et rose bonbon. C’est la réalité des Vosges : ses habitants aiment à dire qu’il n’y a que deux saisons dans le massif : un long hiver, et un été illusoire ou éphémère. Et pourtant, ceux qui vivent toute l’année sur les hauts, et qui sont généralement dotés du fameux bon sens paysan, vivent avec passion et poésie le beau printemps vosgien.
"La Saison des Verts Tendres" , un film de Jacques Cuny. Association Optimage.
LE TEMPS DES FOINS PARFUMÉS
L’été vosgien est semblable à un hymne à la joie, au chant du bonheur dans le pré, aux plaisirs de la convivialité et de la simplicité. Son refrain fleure bon le regain, tandis que ses couplets témoignent ostensiblement des récoltes plus ou moins généreuses d’orge ou de blé.
Saison des randonnées bucoliques à travers les bois, l’été s’offre dès le petit matin, lorsque la rosée exalte ses senteurs épicées et fragiles dans les forêts vosgiennes. Les pieds plus ou moins montagnards parcourent alors les mille sentiers tracés par les passionnés de nature.
Les paysans regardent discrètement ce défilé saisonnier. Pour ces derniers, le miracle de la nature est ailleurs. Et un bon été rimera plus volontiers avec le labeur que le simple bonheur tranquille. Oh, c’est certain, le rythme ne prendra pas les allures excessives et contre nature que recommande la société moderne. Chacun à sa cadence, et avec le sens de la mesure, les paysans reprennent chaque été leurs gestes traditionnels : la moisson, la récolte des cerises, la cueillette des framboises, la récolte du miel, la traite des vaches, la tonte des moutons…
On ne s’ennuie décidément pas, l’été dans les montagnes vosgiennes. Mais la saison est bien courte. L’automne s’annonce déjà…
"Le Temps des Foins Parfumés" , un film de Jacques Cuny. Association Optimage
à découvrir --> le film en DVD "Le temps des foins parfumés"
à découvrir --> le film en DVD "La saison des fruits dorés"
LA SAISON DES FRUITS DORÉS
Après la belle saison estivale, les chaumes vosgiennes ont recouvré la sérénité sauvage que les marcaires affectionnent. Au Gazon du Faing, les vaches paissent tranquillement sous le regard de quelques randonneurs. La saison commence à décliner pour les responsables des fermes-auberges qui observent avec bonheur la clémence de la météo.
La nature, peu à peu, se pare de couleurs ocres, jaunes et orangées. De douces lumières traversent les brumes matinales, tandis qu’au coucher, les cerfs envoûtent le cœur de la forêt de leurs chants d’amour. Sur les hauts, les paysans portent toujours le même regard émerveillé de ce spectacle de la nature.
Avant le grand sommeil, il s’agit de rentrer, préparer, conserver les fruits dorés de l’été. Alors on rentre le bois, le blé devient farine, les vaches en transhumance prennent le chemin des étables. D’autres récoltent les pommes de terre, la gentiane.
Ils préparent selon une méthode ancestrale la bonne choucroute de navets, ou le jus de pomme.
Là-haut sur les crêtes les randonneurs poursuivent leur périple au gré des tourbières et des chaumes Chacun vit ces instants d’évasion et de découverte avec un bonheur inégalé. Celui de partager l’ultime promenade de l’année avant le retour des bises automnales. Car les montagnards le savent bien : l’hiver est vite arrivé sur les sommets vosgiens.
"La Saison des Fruits Dorés" , un film de Jacques Cuny. Association Optimage.
à découvrir --> le film en DVD "Le grand silence blanc"
LE GRAND SILENCE BLANC
Sur les chemins de terre, gercés par un vent glacial, les habitants des " Hauts" se courbent, comme pour mieux résister contre les frimas vosgiens. Terrible et saisissant spectacle que ces silhouettes frêles, travaillant sans rechigner en dépit de la rudesse du temps. Là-haut sur les chaumes, les neiges recouvrent depuis longtemps les landes sommitales. Le vent s'engouffre en bourrasques dans les vagues de neige, créant ainsi de superbes dunes dans un désert de poudre blanche pétrifié par des jours et des jours de gel. C'est dans ce magnifique paysage hivernal que s'élancent avec plaisir les randonneurs à ski ou en raquette. Loisir pour les uns, réalité quotidienne pour les autres.
« la nature s'endort dans la splendeur glacée de nos hivers», raconte Jean Durand, de Ban-sur-Meurthe-Clefcy, « paysans de nos montagnes, dans une activité incessante et tranquille, accomplissent rituellement les gestes qu'imposent l'isolement et la vie en autarcie. Ils tuent le cochon, fabriquent et réparent leurs objets usuels : sabots, cuveaux. Ainsi passent les semaines d'une extraordinaire beauté. Mais déjà, sur les branches alourdies par la neige apparaît la mésange.
"Le Grand Silence Blanc" , un film de Jacques Cuny. Association Optimage.
à découvrir --> le film en DVD "Plainfaing... de mémoire"
PLAINFAING : UN SIÈCLE D'HISTOIRE EN VIDÉO
Au travers d'un film de 43 minutes, les Plainfinois vont retrouver en images près d'un siècle d'histoire. Plus précisément un siècle de leur histoire et de celle de leur commune, racontée par vingt-six de leurs concitoyens. Ces derniers ont accepté d'ouvrir les pages de leur propre passé pour mieux raviver les braises de la mémoire commune. Voilà qui forge un film particulièrement émouvant, présenté voici quelques jours en avant-première.
L'idée revient à la municipalité de Plainfaing qui était en possession d'un précieux fonds de documents (notamment une monographie sur l'agriculture), de photographies et de films retraçant plusieurs décennies de vie plainfinoise jusqu?aux années 70. A l'origine de ces archives, Roger Delon, un instituteur érudit, qui a fixé sur la pellicule des tranches de vie passionnante. L'enseignant, aujourd'hui décédé, a légué ses collections inestimables aux mairies de Fraize et de Plainfaing.
Cette dernière a décidé de confier ces archives et donner carte blanche au vidéaste des Hautes-Vosges, Jacques Cuny afin de réaliser un film intitulé « Plainfaing de mémoire ». Un an de travail intense a alors été nécessaire.
CICATRICES DU TEMPS
La séance de projection a suscité une vague d'émotion qui s'est largement propagée dans l'assistance. « Il est difficile de contenir les larmes », a notamment admis le maire Patrick Lalevée. Un sentiment partagé dans l'assistance. Au travers des différents thèmes abordés dans le film (les différentes guerres, l'école, l'agriculture, le génie de l'homme, les commerces), les Plainfinois ont renoué les liens du passé. Avec notamment le témoignage de Nicolas Géliot, arrière-petit-fils de l'industriel du même nom, ancien député-maire et fondateur d'un petit empire textile sur le plan local, dont la commune vient de dédier une allée sur l'emplacement d'une ancienne usine.
De l'ancien patron à Simone, une ancienne syndicaliste en verve, de l'évocation des curés de la paroisse aux mandats de maire de l'incontournable Joseph Valentin, c'est tout un petit monde qui se retrouve, en estompant, mais sans les éluder, les cicatrices du temps.
A ce point de vue, les témoignages de Marie-Louise Dotti (103 ans en décembre prochain), et de Marcelle Sertelet (101 ans) font figure d'anthologie. Philippe CUNY
"Passeur de savoir et cueilleur de mémoire". Ainsi se définit généralement Jacques Cuny. Par vocation, il s'est épris de l'univers des Hautes-Vosges et de ceux qui y vivent. Par passion, il est chasseur d'images, sans cesse prêt à parcourir la campagne (et la montagne) avec sa caméra.
Il s'attache alors, avec un regard poétique sans égal, à filmer la magnificence de la nature aux quatre saisons. Une nature peuplée d'animaux farouches, de linaigrettes sauvages, un univers splendide où perle la rosée du matin avant le retour de la neige sur les toits. Dans ce monde parfois hostile lorsque la bise persistante parvient à gercer les terres glacées par l'hiver, vivent des hommes remarquables dont le quotidien est davantage rythmé par l'horloge du temps que par les impératifs artificiels d'une vie citadine tumultueuse.
Avec un profond respect pour ces hommes et ces femmes de l'authentique, mais sans jamais prendre parti, Jacques Cuny est un chantre du fameux " bon sens paysan ". Au fil des ans, les films de Jacques Cuny sont ainsi entrés dans l'anthologie du monde actuel des Hautes-Vosges. A cet égard le vidéaste n'oublie jamais de remercier ses " acteurs " dont l'habit de scène est taillé sur mesure dans des tranches de vie bien réelles. L'art de Jacques Cuny, au travers de ces films produits par l'association Optimage, dont il est le président, consiste à exalter un univers bucolique et poétique, très souvent encensé par les spectateurs.
Philippe CUNY
Après un long travail de recherche de sources et de témoins, Jacques Cuny nous livre un film sur la Seconde Guerre mondiale dans la région. Saisissant.
Un habitant de Saint-Léonard vient de consacrer 14 mois à la réalisation d'un film de 72 minutes sur la seconde guerre mondiale dans la montagne vosgienne.
Dès les années 80, il s'est d'abord passionné pour la photo avec pour sujet de prédilection les activités traditionnelles en voie de disparition. "J'ai toujours eu envie de cueillir la mémoire", précise-t-il pour expliquer cette passion, " car il y a des choses importantes à transmettre aux futures générations"